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xiv
INTRODUCTION.

remontrances qu’ils adressèrent à la régente Amalasonthe, lorsqu’ils l’invitèrent à renoncer aux ménagements envers les vaincus dont son père lui avait donné l’exemple. Et il faut bien, en effet, que pendant longtemps la fermeté apportée par Boèce dans sa lutte contre la tyrannie des Goths n’ait pas nui à son crédit auprès de Théodoric, puisque, douze ans après sa sortie de charge, nous l’avons vu, ses deux fils, trop jeunes pour avoir pu mériter un tel honneur, furent élevés ensemble à la plus haute dignité du royaume. Ce fut là, malheureusement, la dernière marque de faveur dont put se féliciter leur père. Deux ans après, il tombait écrasé sous les ruines de sa fortune. Sa chute fut aussi soudaine que profonde, et Rome stupéfaite apprit à quelques mois d’intervalle, sa mise en jugement, sa condamnation et son supplice.

III

Quelle fut la cause réelle de cette mystérieuse catastrophe ? À entendre la plupart des apologistes de Boèce, la persécution dont il fut victime n’eut d’autre cause que la haine des Goths contre les catholiques, qui le comptaient, assure-t-ou, au nombre de leurs plus dévoués et de leurs plus vaillants défenseurs.

Il est certain qu’à cette époque Théodoric, arien, comme tous les Goths, après avoir pendant trente ans toléré, favorisé même ses sujets orthodoxes, me-