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LA CONSOLATION PHILOSOPHIQUE, LIV. UI. 141 Qu’au bout du monde habité, Thule même Tremble à ta voix ; si la crainte au teint blême, Si le soupçon sans cesse renaissant

Creusent ton front sous llor du diadême, Tout ton pouvoir ne te rend pas puissant. XI

Et la gloirel que souvent elle est mensongère et honteuse De là cette exclamation si bien fondée du poëte tragiques :

Combien de vils mortels, ô courtisane ! ô Gloire ! Dont les noms, grâce à toi, déshonorent l’histoire Nombre de misérables, en effet, ont arraché un grand nom à Yengouement aveugle du vulgaire ; peut-on rien imaginer de plus honteux ? Des éloges accordés à faux, doivent faire rougir ceux qui les reçoivent. S°ils sont la récompense du mérite, que peuvent-ils ajouter à l’opinion que le sage a de lui-même ? Ce n’est pas, en effet, sur approbation du vulgaire qu’il fonde son bonheur, mais sur le témoignage sincère de sa conscience. Que si l’on trouve beau de propager sa renommée, pour être conséquent il faut reconnaître qnlil est honteux de ne pas l’étendre. Mais comme, ainsi que je llai déjà remarqué, il nlest pas possible que le nom d’un homme ne soit pas ’ ignoré du plus grand nombre des nations, il suit de là que la gloire que tu décernes à un individu lui fait défaut dans la plus grande partie de la terre. Au surplus, je n’accorde pas la moindre attention à la faveur du vulgaire, laquelle d’ordinaire n’est ni judicieuse ni constante.