Page:Boethius - Consolation 1865.djvu/273

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LA CONSOLATION PHILOSOPHIQUE, LIV. III. 189 mats, les saisons, les effets à produire, leur durée et leurs modes, s’il n°y avait quelqu’un qui, immuable lui-même au milieu de ces changements continuels, fait mouvoir tout ce qui existe. Or, quel que soit cet être à qui la création doit la du1·ée et le mouvement, je lui donne le nom qu’ont adopté tous les peuples : je le nomme Dieu. — Puisque tel est ton sentiment, reprit-elle, il me semble qu’il te reste peu de chose à faire pour conquérir la suprême félicité, et retourner sain et sauf dans ta patrie : mais revenons à notre propos. Dans la béatitude, n’avons-nous pas compris la suffisance, et ne sommes-nous pas tombés d’accord que la béatitude est la même chose que Dieu P — C’est vrai.-Donc, pour gouverner le monde, Dieu n’a besoin d’aucun secours étranger ; car, s’il en avait besoin, il ne se suffirait pas pleinement à lui-même. ·— La conséquence est nécessaire, dis-je. -11 dirige donc tout par lui seul. — On ne peut le nier. — Or, il a été démontré que Dieu n’est autre chose que le bien. — Je ne l’ai pas oublié. — Clest donc par le bien qu’il dirige tout, puisqu’il dirige tout par lui-même, et que nous avons reconnu qu’il est lui-même le bien ; il est comme le timon et le gouvernail qui préserve la machine du monde de tout ébranlement et de toute cause de destruction. — Je suis complètement de ton avis, répondis-je, et tout à l’heure, sans en avoir la certitude, je prévoyais que c’était là que tu voulais en venir. — Je te crois, reprit-elle, car je trouve tes yeux déjà plus prompts à discerner la vérité ; mais ce queje vais ajouter te la fera voir avec moi tout aussi clairement. — Qu’est-ce donc ? demandai-je. — Dieu, dit-elle, ainsi que nous avons raison de le croire, se servant du bien comme d’un gouvernail pour diriger toutes choses, et toutes choses, comme je te l’ai enseigné, tendant naturellement au bien, peut-on douter qu’elles ne se laissent volontairement gouverner, et qu’elles n’o-