Page:Boethius - Consolation 1865.djvu/297

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LA (.ÃU)SOLATIOÃ PHILUSUPHIQUE, L[V. IV. 213 et comme les premiers Yohtiennent à l’exclusion des seconds, la puissance des bons ne peut pas être mise en doute, non plus que la faiblesse des méchants. — En douter, dis-je, serait s’avouer incapable de saisir la vérité des choses et la conséquence d’un raisonnement.—lVlaintenant, dit-elle, supposons deux hommes, obéissant au même instinct et visant au même but ; si llun, par des moyens naturels, y arrive pleinement, tandis que l’autre, ne pouvant se servirde ces moyens naturels, et réduit à en employer d’autres désavoués parla nature, manque le but tout en ayant llair dly toucher, lequel de ces deux hommes jugeras-tu le plus puissant ?— Je crois entendre ce que tu veux dire ; je souhaiterais cependant que tu Uexpliquasses plus clairement. — l’action de marcher, dit-elle, est naturelle à l’homme". Tu ne le nieras pas È] — Assurément non, répondis-je. — Tu ne doutes pas non plus que les pieds ne soient le moyen naturel de cette fonction ? — Je n’en doute pas non plus. — Eh bien ! si un homme marche à liaide de ses pieds parce qu’il le peut, et qu’un autre, privé de ce moyen naturel, essaye de marcher sur ses mains, lequel des deux faudra-t-il à bon droit considérer comme le plus puissant ?-Poursuis ton raisonnement, dis-je, car il est incontestable que celui qui peut se servir d’un moyen naturel est plus fort que celui qui ne le peut pas. — L’objet, reprit-elle, que se proposent également les bons et les méchants, c’est le souverain bien ; or, les bons le poursuivent par un moyen naturel, qui est la vertu ; quant aux méchants, clest par les passions les plus diverses, ce qui niest pas le moyen naturel d’arriver au souverain bien, qu’ils s’efforcent de l’atteindre. ’ Nlest-ce pas ton avis ? — Bien certainement, répondis je, et de plus, la conséquence est évidente, Car des points que j’ai accordés il résulte nécessairement que les bons sont puissants et que les méchants sont faibles.