Page:Boethius - Consolation 1865.djvu/299

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LA (jOl\SOL.\TION PHll, OSOPHlQiUl’], LIV. IV. 215 — Fort bienl Tu vas plus vite que moi, et je reconnais À cette ardeur, sujet ordinaire d’espérance pour les médecins, que la nature chez toi reprend son nerf et son ressort. Mais puisque te voilà si vifà comprendre, je vais presser et accumuler mes arguments. Vois combien est évidente la faiblesse des méchants, puisqu’ils ne peuvent atteindre le but, même alors qulun instinct naturel les guide et les entraîne, pour ainsi dire, malgré eux. Que serait-ce donc si la nature, au lieu de marcher devant eux, leur refusait son aide si efficace et presque irrésistible ? Rends-toi bien compte de l’impuissance absolue des scé· lérats. Ce ne so11t pas des prix de peu de valeur, comme ceux que l’on décerne dans les jeux publics, qu’ils ambitionnent et qu’ils manquent ; c’est au bien le plus précieux, le plus élevé de tous, qu’ils sont dans l’impuissance d’atteindre ; et le projet dans lequel les malheureux échouent, clest celui-la même qui jour et nuit les occupe : or, c’est en cela que se montre la puissance des gens de bien. En effet, si un homme, marchantà pied, parvenait à la dernière limite des terres qu’il soit possible de parcourir, tu penserais sns doute que c’est l’homme le plus vigoureux à la marche ; de même, celui qui touche le but final de tout désir, but au delà duquel il n’y a plus rien, doit nécessairement te paraitre plus puissant que tous les autres. Dloü il faut conclure, par un raisonnement inverse, que tout méchant est dénué de toute force. Et en effet, pourquoi abandonnent-ils la vertu pour suivre le vice ? Est-ce par ignorance des véritables biens ? Mais qui y a-t-il de plus faible au monde que Yaveugleznent de Vignorance ? Connaissent-ils le but qu’il faut poursuivre ? Mais alors leurs passions les entraînent hors du droit chemin ; et, ici encore, ils montrent leur faiblesse par leur intempérance, qui les rend incapables de résister au vice. Est-ce en connaissance de cause et de propos délibéré quîils abandonnent le bien pour tourner au mal ? Mais