Page:Boethius - Consolation 1865.djvu/317

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LA CONSOLATION PHILOSOPHIQUE, LIV. IV.- 233 des méchants sont souvent déjouées par une fin soudaine et imprévue qui est en même temps la fin de leur misère. Si le crime, en effet, est une cause de malheur, celuilà sera nécessairement plus malheureux qui sera plus longtemps criminel, et, à mon sens, l’inIortune des méchants serait au comble, si la mort ne venait enfin mettre un terme à leur méchanccté". Car si ce que fai dit de l’inf’ortnne des méchants est vrai, il est évident qu’un ’ malheur est infini, quand il est éternel. — Voilà, dis-je, une conséquence singulière et difficile à admettre ; je I reconnais pourtant quielle se lie naturelle nient aux prémisses que je t’ai accordées. — Tu as raison, reprit-elle ; mais quand on répugue à admettre une conséquence, il faut prouver ou que quel qu’une des propositions précédentes est fausse, ou que de leur rapprochement ne peut résulter une conclusion nécessaire ; autrement, les propositions antérieures une fois accordées, il n’est plus possible d’en contester la conséquence. Au reste, ce que je vais ajouter te paraîtra tout aussi surprenant, bien que ce ne soit aussi qu’une déduction rigoureuse des propositions qui précédent. — Qu’est-ce donc ? demandai-je. — Je prétends, répondit-elle, que les méchants sont plus heureux quand ils subissent la peine de leurs crimes, que lorsqu’ils échappent aux coups de la justice ". Et je ne veux pas dire pour le moment, ce que l’on pourrait croire tout d’abord, que le châtiment corrige le vice, que la crainte du supplice ramène les coupables dans le bon chemin, et que l’exemple engage les autres à fuir le mal ; c’est par une autre raison que je considèrellimpunité comme un surcroît de malheur pour les méchants, sans p me préoccuper, d’ailleurs, de leur amendement possible ni de l’ef’iiracité de l’exemple. — Et quelle autre raison peut-il y avoir que celle-là ? demandai-je. — Niavons- · nous pas reconnu, reprit-elle, que les bons sont heureux et les méchants misérables ? - Sans doute, répondis-ie.