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Page:Boethius - Consolation 1865.djvu/345

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LA CONSOLATION PHILOSOPHIQUE, LIV. IV. ÉU] méchants. Une autre raison, selon moi, de cet ordre de choses, clest qu’il y a des hommes d’un naturel si fougueux et si déréglé, que la misère pourrait les irriter encore et les pousser au crime. Ce sont des malades à qui la Providence administre des richesses en guise de médicaments. Celui-ci, sentant sa conscience souillée de méfaits et se comparant lui-même à sa fortune, craint peut-être de perdre tristement des biens qui font sa joie. Il réformera donc ses mœurs, et, de peur de perdre ses trésors, il se corrigera de ses vices. Quelques-uns tombent dans une infortune méritée pour avoir mésusé de leur bonheur. D’autres ont recu le droit de pu- 4 nir, tant pour éprouver les bons, que pour châtier les méchants. Car slil ne peut exister aucune alliance entre les bons et les méchants, ces derniers 116 peuvent non plus s’accorder entre eux. Et comment le pourraient-ils, lorsque chacun dleux, torturé par ses remords, est en guerre avec sa propre conscience, et 11il :}XéC1116 presque jamais un dessein qu’aussitôt il ne se repente de ce qu’il a fait ? De là ce suprême miracle, dont la Providence a donné plus d’un exemple, que des méchants ramènent d’autres méchants à la vertu. Ceux-ci, en effet, se voyant maltraités par des scélérats, les prennent en haine et retournent au bien parce qu’ils ne veulent pas ressembler à des gens qui leur font ho1·reur. La Divinité seule à ce pouvoir de transformer le mal en bien, de s’en servir à propos et d’en faire sortir des effets salutaires. Car il y a un ordre général qui embrasse toutes choses ; ce qui slen écarte d’un côté y rentre toujours de l’autre, afin que dans le royaume de la Providence, rien ne soit laissé au hasard :

Mais un Dieu seul pourrait expliquer ces mystères 2*. Il nlest pas donnéà l’homme, en effet, de saisir par la pen-