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Page:Boethius - Consolation 1865.djvu/377

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LA CONSOLATION PHILOSOPI]IQUE, LIV. V. 293 ce que je (flil’(lL. sem ou ne sem /}(l.§ ’9J’) En quoi aussi la divine Providence l’emporterait-elle sur la perspicacité humaine si, comme les hommes, elle se bornait à porter des jugements incertains sur des événements douteux ? Que si, au contraire, Dieu, cette source de toute certitude, ne peut rien admettre que de certain, les événements qu’il a prévus d’une manière infaillible doivent infailliblement arriver. C’est pourquoi la liberté manque absolument aux pensées et aux actions humaines, puisque l’intelligence divine, qui est incapable dlerreur et qui prévoit tout, les enchaîne, en quelque sorte, à un résultat donné et nécessaire. Ceci admis, quelle perturbation dans les affaires liumuinesl On le voit assez. A quoi bon, en effet, des récompenses et des peines pour les bons et pour les méchants ? Il nly a ni mérite ui démérite là où il 11°y a pas mouvement libre · ’et volontaire de l’âme. Il faudra considérer comme le comble de Viniquité ce qui nous paraît pourtant de toute justice, je veux dire la punition des méchants ou la récompense des bons, puisque ce nlest pas leur volonté qui les porte au bien ou au mal, mais qu’ils y sont poussés par la nécessité de ce qui doit étre. Il n’y aurait donc plus ni vices ni vertus, mais un mélange confus d’actions indifférentes ; et, ce qui surpasse toutes les monstruosités imaginables, si liordre établi dans le monde vient uniquement de la Providence, et si rien n’est laissé à l’initiative humaine, il faudra imputer même nos crimes à llauteur de toutes les vertus. A quoi bon encore l’espérance et la prière ? Pourquoi espérer, pourquoi prier, en effet, si tous les objets de nos vœux sont soumis à un ordre dl événements irrévocablement fixé"’ ? Alors s serait supprimé le seul commerce qui existe entre les hommes et Dieu, je veux dire Yespérance et la prière. En effet, c’est en nous humiliant comme il convient, que nous méritons les faveurs inestimables de la bonté