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LA CONSOLATION PHILOSOPHIQUE, LIV. V. 317 XI

Puisque, comme je l’ai démontré précédemment, l’tdée que nous pouvons avoir d’un objet procède, non de cet objet lui-même, mais de notre intelligence, examinons, autant que les bornes de notre esprit le permettent, quelle est la condition essentielle de la substance divine ; nous nous rendrons compte ainsi de ses moyens de connaître. Dieu est éternel ; c’est l’opinion unanime des êtres doués de raison. Or, qu’est-ce que l’éternité ? Voilà ce qu’il faut d’abord définir, pour comprendre à la fois l’essence de Dieu et la nature de ses conceptions. Iféternité est la possession entière et par« faite d’une existence qui n’a ni commencement, ni milieu, ni fin. Si llon regarde aux êtres qui vivent dans le temps, cette définition sera plus claire. En effet, tout ce qui vit dans le temps va successivement du passé au présent, du présent au futur, et rien de ce qui existe dans le temps ne peut embrasser simultanément tous les instants de sa durée. Vous ne tenez pas encore le lendemain que déjà vous avez perdu la veille, et aujourdiliui même vous ne vivez que ce que dure ce moment rapide et fugitif. Donc, tout être soumis à la loi du temps, n’eût-il jamais eu de commencement, ne dût-il jamais avoir de fin, comme Aristote l’a pense du monde", et dut son existence se prolonger à l’infini, n’est pas cependant dans les conditions voulues pour qu’on puisse le regarder comme éternel. Car, bien que son existence ne soit pas limitée, il n’en saisit pas, il n’en embrasse pas toute la durée à la fois : il nia pas encore l’avenir, il n’a déjà plus