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LA CONSOLATION PHILOSOPHIQUÈ, LIV. Y. 395

condition qui s’y ajoute. Nulle nécessité, en effet, ne contraint à marcher un homme qui marche volontairement, bien qu’an moment où il marche, il soit nécessaire que cette action s’accomplisse. De même, lorsque la Providence voit un fait se réaliser dans le présent, ce fait est nécessaire, quoiqu’il ne le soit pas par essence. Or, les événements qui arriveront plus tard en vertu du libre arbitre, Dieu les voit dans le présent. Donc, relativement à l’intuition divine, ils deviennent nécessaires, puisque c’est à cette condition que Dieu les connaît ; mais, considérés en eux-mêmes, ils ne cessent pas dlêtre libres par essence, dans le sens le plus absolu. Conséquemment, il est hors de doute que tous les événements prévus par Dien doivent s’accomplir ; mais dans le nombre il en est qui proviennent du libre arbitre, et ceux-là ne changeront pas de nature en se réalisant, puisque avant d’arriver ils auraient pu ne pas arriver. Mais qu’importe, diras-tu, qu’ils ne soient pas nécessaires par eux-mêmes, si, de toutes facons, la connaissance particulière que Dieu en a les rend obligatoires, tout comme ferait la nécessité ? Il importe beaucoup, car c’est le cas même du soleil qui se lève et de Vhomme qui marche, dont je te parlais tout à l’heure : ces deux faits, à l’instant où ils s’accomplissent, ne peuvent pas ne pas s’accomplir ; néanmoins, l’un était nécessaire, même avant de se produire ; l’autre ne il était point. De même, les choses que Dieu, voit dans le présent, se produisent sans aucun doute, mais les unes émanent des lois nécessaires de la nature, les autres, de la simple volonté de ceux qui les font. Je n’ai donc pas tort de dire que ces dernières, quant à la connaissance que Dieu en a, sont nécessaires, mais que, considérées en elles-mêmes, elles sont ·affranchies de toute espèce de nécessité. C’est ainsi que toutes les idées qui viennent par les sens sont générales si on les rapporte à la raison, et particulières si on les considère en