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NOTES DU LIVRE I.

jours préoccupés de l’orthodoxie catholique de Boèce et de son beau-père, n’ont pas manqué de voir ici un hommage rendu à la piété et à la sainteté de Symmaque. Nous ne jugeons pas nécessaire de détourner ce mot de son acception la plus générale, pour lui donner un sens plus restreint qui ne peut, d’ailleurs, s’appliquer à Symmaque.


Note 35. Page 33.

Docile à tes lois, toute la nature
Marche d’un pas sûr vers un but certain :
L’homme seul, Seigneur, erre à l’aventure,
Jouet du hasard et de ton dédain.

Même pensée dans Sénèque le Tragique :

Sed cur idem
Qui tanta regis, sub quo vasti
Pondera mundi librata suos
Ducunt orbes, hominum nimium
Securus ades, non sollicitus
Prodesse bonis, nocuisse malis ?

« Ô toi, dont les soins étendus à de si grands objets font que le vaste monde, équilibré par son propre poids, roule dans son orbite, comment se fait-il que tu te préoccupes si peu des hommes, et que tu n’aies pas souci de faire du bien aux bons et du mal aux méchants ? »

(Hippolyte.)


Note 36. Page 33.

Rappelle-toi quelle patrie a été ton berceau.

On le voit assez, c’est du ciel que la Philosophie parle ici, et en évoquant chez son interlocuteur le souvenir de cette patrie première, elle est l’organe fidèle de l’école idéaliste, et ne s’exprime pas autrement que l’aurait pu faire Platon. Voilà la première fois que Boèce fait allusion à la fameuse théorie de la réminiscence ; il y reviendra encore, et plus clairement, par la suite, et il nous fournira l’occasion de noter en passant quelques emprunts directs qu’il a faits à son maître. Disons dès à présent que cette doctrine de la réminiscence est une exagération de l’idéalisme, un abus de la synthèse, qui va plus loin que les faits donnés par l’analyse. Ce sont les termes mêmes du jugement qu’en porte M. V. Cousin, qui expose de la manière suivante la série d’inductions d’où est né ce dogme philosophique :

« Puisque certaines idées sont indépendantes des sensations, elles peuvent leur être antérieures, elles peuvent l’être, donc elles le sont. Elles sont alors la dot que l’intelligence apporte avec elle ; elles lui sont innées,