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INTRODUCTION. LXIII

hardiesse, et que les discussions théologiques, si fréquentes alors, roulant sur des idées nouvelles, exigeaient peut-être l’emploi de mots nouveaux. Le plus correct des Pères de l’Église latine, saint Augustin lui-même ne slest pas montré très-scrupuleux à cet égard ; mais cette fâcheuse nécessité if existait pas pour Boèce. Lucrèce, Cicéron, Sénèque s’étaient exercés avant lui sur des sujets philosophiques ; il aurait pu se V régler plus souvent sur leur style. Apulée même n’était pas un modèle à dédaigner, car, à ne regarder qu’au style, l’auteur du Dieu de Soemte est un écrivain de premier ordre au prix de Tertullien. Ce défaut toutefois n”est sensible que dans la prose de Boèce, et ne se retrouve pas dans ses vers ; purs, élégants, d’un tour aisé et harmonieux, on les croirait écrits au meilleur temps de la muse latine. On sent, en les lisant, que leur auteur faisait ses délices des grands poëtes de sa patrie, d’Horace surtout, dont il a pris plus d’une pensée, et imité avec bonheur les meilleurs passages ; aussi, ses rares facultésipoétiques ont-elles été admirées de tout temps par les critiques les plus sévères. Jules César Scaliger, qui l]l€S[ pas prodigue d’éloges, n’en parle qu’avec une sorte d’enthousiasme : « Dans la prose de Boèce, dit-il, on

retrouve la barbarie de son siècle, mais ses vers sont tout à fait divins, rien de plus poli ni de mieux pensé ; les sentences dont ils abondent 11’en altèrent 1. Voy. OZANAM, Œuvres comtpl., t. II, le chap. intitulé : Comment la langue latine devint chrétienne.