Page:Boethius - Consolation 1865.djvu/95

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
11
LA CONSOLATION PHILOSOPHIQUE, LIV. I.


Comment le flambeau du monde,
Le matin, surgit de l’onde
Pour s’y replonger le soir ;
Comment Avril se couronne
De fleurs, et comment l’Automne
Ruisselle sous le pressoir.

Des secrets de la nature
Cet interprète parjure,
Comme un esclave dompté,
Le cou ployé, l’œil stupide,
Sur cette terre sordide
Fixe un regard hébété.

IV

« Mais il s’agit, dit-elle, de le guérir, non de me plaindre ». Alors me couvant en quelque sorte de ses regards : « Est-ce bien toi, dit-elle, toi qui, jadis abreuvé de mon lait, nourri de mon pain, avais puisé dans ce régime une vigueur d’âme toute virile ? Certes, je t’avais fourni des armes bien trempées ; leur solidité t’eût protégé et rendu invincible, si tu ne les avais jetées à tes pieds. Me reconnais-tu ? Pourquoi ce silence ? Est-ce la honte, est-ce l’abattement qui te ferme la bouche ? Tant mieux si c’est la honte ! Mais non, ton abattement n’est que trop visible ». Et comme elle s’aperçut que, si je ne répondais pas, c’est que ma langue paralysée ne pouvait articuler une parole, elle posa légèrement sa main sur ma poitrine : « Le danger n’est pas grand, dit-elle ; c’est un cas de léthargie, la maladie ordinaire des esprits hal-