Qu'une amante pourrait avec un autre avoir,
C'est se tromper, Madame: en vain d'une alliance
Vous pouvez pour un Dieu méditer l'espérance.
Madeleine
J'aime, j'aime en Jésus et la gloire et l'honneur;
Non, aucun fol espoir n'a prise sur mon coeur. [160]
Qui peut aimer un Dieu sait maîtriser son âme,
Et je ne serai point son amante ou sa femme :
L'aimer et l'adorer forment mon seul désir,
Et je le chéris trop pour vouloir l'avilir ;
Mais je suis aux abois, dans ces lieux où des traîtres [165]
Veulent faire périr le plus humain des maîtres.
Ses disciples, en vain, par les soins les plus vifs,
Prétendent le sauver de la fureur des juifs ;
Leurs Prêtres animés contre le vrai Messie,
Voient dans ses bienfaits, des torts pour leur patrie, [170]
Mais leur seul intérêt leur fait haïr Jésus :
Ne pouvant dénigrer sa gloire et ses vertus,
Ils le font insensé ; ce n'est qu'un faux prophète ,
De nos divins décrets imposteur interprète.
Tantôt, pour le chasser, ils font de vains efforts ; [175]
Et toujours, lui prêtant des crimes et des torts ,
Caïphe ici, surtout, excite la tempête ;
Seul il conduit la trame, en secret il l'apprête ;
Il ne peut pardonner qu'on admire en Jésus,
Ce qu'on ne lui voit point des moeurs et des vertus ! [180]
Zéline
Madame, vers ces lieux, il s'avance des Prêtres
Parlant avec chaleur....
Madeleine
Ah ! Dieu ! Fuyons ces traîtres!
Scène VIII
VIII