Penses-tu nous ravir la fortune et l'État,
Et que nous souffrirons ce perfide attentat ? [510]
Il faut nous massacrer, avant d'avoir la place ;
Je pourrais te punir, je viens t'offrir ta grâce :
C'est à condition de sortir de ces lieux.
Tu passe ici pour juste ; on te dit vertueux :
Allons, n'abuse plus de ton charlatanisme ; [515]
Redoute la fureur du plus noir athéisme
Ouvre les yeux, connais nos prêtres, nos bourgeois ;
Sur la religion ils empruntent ma voix :
Nous n'obéissons tous qu'à la seule nature ;
C'est, pour fuir toute erreur, la route la plus sûre. [520]
Le hasard fait tout naître, et le hasard détruit.
Oui, la nature en tout produit et reproduit ;
Les éléments ensemble entretiennent la sève ;
Tout être végétal de lui-même s'élève ;
Il croît comme il décroît, son principe est en lui ; [525]
Où finit le principe, il n'est plus reproduit.
Et quant à notre Dieu, voit-on une chimère
Qu'on dise plus inepte ? Et quel est l'atmosphère
Où tu le trouveras ? Définis-donc ce Dieu :
Peux-tu l'apercevoir ? En quel temps, en quel lieu ?... [530]
Jésus
Je devrais mépriser les discours d'un athée,
Et plaindre les noirceurs de son âme irritée ;
Mais avant de mourir pour la Religion,
Il faut bien lui donner, ah ! Quelque instruction.
Tiens, voilà ma réponse, écoute ma prière, [535]
Puisses-tu la porter dans le sein de mon père !
Ô Dieu de l'Univers ! Rends-moi bien vertueux ;