Scène IX
ET DERNIÈRE. Les précédents ; Tonnerre, Nuag portant Jésus
Jésus, sans descendre de l'un de ses nuages
La paix soit avec vous ; de vos tendres hommages
J'accepte dans ce jour les plus heureux présages, [1370]
Je vous ai tous sauvés, méritez ce bonheur,
Et garantissez-vous à jamais de l'erreur
Du culte des feux Dieux ; mais ayez pour maxime
Que la vertu sutout méritât mon esitme :
Chérissez votre frère, idolâtre ou chrétien, [1375]
S'il est honnête et juste il sera toujours bien :
Fut-ce un jour de Sabat, il faut d'un bon office,
Autant que vous pourrez, lui rendre le service,
Mais sans bruit, sans éclat ; ne confondez jamais
Les mots avec la chose, et sachez désormais [1380]
Que les mets en tous temps souilleront moins votre âme,
Que fait le médisance ou bne une épigramme.
Innocent ou coupable, aimez votre prochain,
Avec zèele et candeur présentez-lui la main ;
N'adorez qu'un seul Dieu, soulagez votre frère, [1385]
Eussiez-vous éprouvé son injuste colère.
Le véritable culte est dans la charité,
Ainsi qu'en vos vertus et dans la chasteté :
Et c'est par ces vertus que de toute la terre
Vous pourrez triompher dans ce vaste hémisphère. [1390]
La philosophe en tout, fut-il un vrai païen,
Reconnaîtra son Dieu dans les lois d'un chrétien,
Ah ! C'est par sa morale qussi juste que pure
Qu'il chérira l'Auteur d'une sainte Écriture.
Allez, soyez en paix, adorant le vrai Dieu, [1395]
Donnant l'exemple en tout, en public, en ce lieu
Que l'homme ne doit plus esclave en sa patrie
De la foi des docteurs, et de l'idolâtrie.
En même temps que les nuages et Jésus remontent au bruit de la foudre, la toile se baisse.
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