LETTRE de l’Auteur, aux Comédiens du Théâtre de la Nation.
Je vous ai présenté ma Tragédie, intitulée : Jésus-Christ, ou la véritable Religion. Ce genre étant nouveau, vous avez paru désirer qu’il acquît une sorte de consistance dans le Public auparavant de vous décider à la représenter.
Les Cultes sont libres, la nature l’a dit avant nos lois ; la morale du nôtre paraît la plus conforme à la raison, surtout quand on s’en tient à l’Évangile. Mon but est d’en apprécier, en quelques sorte, le véritable sens en faisant parler, mettant en action ses différents caractères, et d’ajouter, s’il est possible, à la publicité du sublime d’une œuvre, que J.-J. Rousseau lui-même a citée comme divine.
Je déclare d’ailleurs, que je n’ai pas entendu, et que je n’entends point prendre aucune part dans les querelles scolastiques, et autres, relatives à la Religion ; ma Tragédie n’est que l’extrait de l’Évangile : heureux ! si mon style a pu atteindre l’énergie de ce prodige en morale !
Je dois prévenir, que la lecture d’un ouvrage aussi important, ne convient pas aux esprits faibles et susceptibles de préjugés ; ces gens-là ne voudront jamais voir d’un bon œil,