grin bizarre de certains Auteurs, qui au lieu de fe di vertir d’une querelle du Parnaffe, dont ils pouvoient eftre fpectateurs indifferens, ont mieux aimé prendre parti, & s’affliger avec les Ridicules, que de fe ré- jour avec les honneftes gens. C’eſt pour les confo. ler que j’ay compoſé la Satire précedente, où je pen- fe avoir montré affez clairement, que fans bleffer l’Eſtat ni fa conſcience, on peut trouver de méchans vers, méchans, & s’ennuier de plein droit à la lectu- re d’un fot Livre. Mais, puifque ces Meffieurs ont par- lé de la liberté que je me ſuis donnée de nommer, com- me d’un attentat inoüi & fans exemple, & que des exemples ne fe peuvent pas mettre en rimes ; il eſt bon d’en dire ici un mot, pour les inftruire d’une chofe qu’eux feuls veulent ignorer, & leur faire voir, qu’en comparaiſon de tous mes Confreres les Satiriques j’ai efté un Poëte fort retenu.
Et pour commencer par Lucilius Satirique premier du nom ; quelle liberté, ou plûtoft quelle licence, ne s’eſt-il point donnée dans ſes Ouvrages ? Ce n’é- toit pas ſeulement des Poëtes & des Auteurs qu’il attaquoit : c’eftoit des gens de la premiere qualité de Rome : c’eſtoit des perfonnes confulaires. Cepen- dant Scipion & Lælius ne jugerent pas ce Poëte, tout déterminé Rieur qu’il eſtoit, indigne de leur amitié, & vraiſemblablement dans les occafions ils ne lui refuferent pas leurs conſeils fur fes eſcrits non plus qu’à Terence : ils ne s’aviferent point de prendre le parti de Lupus & de Metellus, qu’il avoit jouez dans fes Satires, & ils ne creurent pas luy donner