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DISCOURS SUR LA SATIRE XII.

faire sur cela aucune bonne critique ; surtout ma satire étant un pur jeu d’esprit, où il seroit ridicule d’exiger une précision géométrique de pensées et de paroles.

Mais il y a une autre objection plus importante et plus considérable qu’on me fera peut-être au sujet des propositions de morale relâchée que j’attaque dans la dernière partie de mon ouvrage ; car ces propositions ayant été, à ce qu’on prétend, avancées par quantité de théologiens, même célèbres, la moquerie que j’en fais peut, dira-t-on, diffamer en quelque sorte ces théologiens, et causer ainsi une espèce de scandale dans l’Église. À cela je réponds premièrement qu’il n’y a aucune des propositions que j’attaque qui n’ait été plus d’une fois condamnée par toute l’Église, et tout récemment encore par deux des plus grands papes qui aient depuis longtemps rempli le saint-siège. Je dis en second lieu qu’à l’exemple de ces célèbres vicaires de Jésus-Christ, je n’ai point nommé les auteurs de ces propositions, ni aucun de ces théologiens dont on dit que je puis causer la diffamation, et contre lesquels même j’avoue que je ne puis rien décider, puisque je n’ai point lu ni ne suis d’humeur à lire leurs écrits, ce qui seroit pourtant absolument nécessaire pour prononcer sur les accusations que l’on forme contre eux ; leurs accusateurs pouvant les avoir mal entendus, et s’être trompés dans l’intelligence des passages où ils prétendent que sont ces erreurs dont ils les accusent. Je soutiens en troisième lieu qu’il est contre la droite raison de