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ÉPÎTRE VII[1].
1677.
À M. RACINE.
LE PROFIT À TIRER DES CRITIQUES.
Émouvoir, étonner, ravir un spectateur !
Jamais Iphigénie, en Aulide immolée,
N'a coûté tant de pleurs à la Grèce assemblée,
Que dans l’heureux spectacle à nos yeux étalé
En a fait sous son nom verser la Champmeslé[2].
Ne crois pas toutefois, par tes savans ouvrages,
Entraînant tous les cœurs, gagner tous les suffrages.
Sitôt que d’Apollon un génie inspiré
Trouve loin du vulgaire un chemin ignoré,
- ↑ Quand parut cette épître, la Phèdre de Racine venait d’être représentée, et malgré sa supériorité sur celle de Pradon, les ennemis de Racine, à la tête desquels se trouvait le duc de Nevers, avaient usé de tous les moyens pour éloigner ce chef-d’œuvre de la scène. Racine avait dès lors pris le parti de renoncer à travailler pour le théâtre. C’est dans la pensée de le dissuader de ce dessein que Boileau écrivit cette épître.
- ↑ Célèbre comédienne formée par les avis et les conseils de Racine.