Page:Boileau - Œuvres poétiques, édition 1872.djvu/331

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enfin accordé aussi son approbation, avec des éloges dont je suis également ravi et confus.

Au reste, comme il y a des gens qui ont publié que mon épître n’étoit qu’une vaine déclamation qui n’attaquoit rien de réel, ni qu’aucun homme eût jamais avancé ; je veux bien, pour l’intérêt de la vérité, mettre ici la proposition que j’y combats, dans la langue et dans les termes qu’on la soutient en plus d’un école. La voici : « Attritio ex gehennæ metu sufficit, etiam sine ulla Dei dilectione, et sine ullo ad Deum offensum respectu ; quia talis honesta et supernaturalis est[1]. » C’est cette proposition que j’attaque et que je soutiens fausse, abominable, et plus contraire à la vraie religion que le luthéranisme ni le calvinisme. Cependant je ne crois pas qu’on puisse nier qu’on ne l’ait encore soutenue depuis peu, et qu’on ne l’ait même insérée dans quelques catéchismes en des mots fort approcbans des termes latins que je viens de rapporter.

  1. C’est-à-dire : « L’attrition qui résulte de la crainte de l’enfer suffit, même sans aucun amour de Dieu, et sans aucun rapport à ce Dieu qu’on a offensé ; une telle attrition suffit, parce qu’elle est honnête et surnaturelle. »