difficultés qu’il comporte essentiellement. On gémit sur les débats sans nombre auxquels notre langue donne lieu tous les jours ; on se plaint de la non fixité des règles qui la constituent, et sur lesquelles peu d’Écrivains paraissent être d’accord : il faut donc briser ses entraves, il faut que notre langue devienne conséquente dans ses principes, et régulière autant qu’il est possible.
Un Ouvrage qui fixât les règles de la langue française, qui en applanît les difficultés, manquait à la littérature moderne, manquait à nos besoins journaliers et aux Écoles publiques Livré depuis long-temps à l’étude de la Grammaire, j’ai composé celui-ci, dans lequel j’ai pris soin de rassembler tout ce que l’art de la parole offre de délicat et de difficile. On y trouvera des règles neuves et hardies, des principes auxquels la plûpart des Grammairiens n’avaient pas songé, et qui paraissent avoir été ignorés de nos meilleurs Écrivains. On y verra que ceux mêmes dont les ouvrages font le plus d’honneur à notre Nation, ont péché ou pèchent souvent contre les règles du bon langage. En apprenant à connaître les erreurs grammaticales qu’ils ont commises, on apprendra à les éviter. C’est donc pour me rendre utile à tous ceux qui connaissent l’importance d’un art auquel les Lancelot, les Beauzée, les Condillac, les Dumarsais ont consacré leurs pénibles veilles, que j’ai publié ce Cours théorique et analytique de la langue française qui a exigé de moi d’innombrables recherches. Des observations pleines de justesse se trouvaient éparses dans les écrits de d’Olivet, de Duclos, de Girard, de Wailly, de Fabre, de Domergue, de Morel, etc. ; je les ai fondues dans mon ouvrage ; quelquefois même j’ai emprunté jusqu’aux expressions de ces Grammairiens, quand j’ai cru utile de le faire. Tous ceux qui ont publié jusqu’à ce jour des traités de Grammaire ont trop négligé à mon avis d’indiquer les fautes qu’occasionnent et l’oubli des principes et le peu de connaissance du