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Page:Bois - L'Île d'Orléans, 1895.djvu/155

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un extrait des Mémoires de feu L.-J. Girouard, écuyer, dans lesquels il peint, avec beaucoup de vérité, les mœurs pures et pacifiques des habitants de l’Île, au milieu desquels il avait passé les plus beaux jours de son adolescence. Il avait résidé au presbytère de Sainte-Famille, pendant plusieurs années, après la mort de son père, chez le respectable monsieur Gatien, curé, son bienfaiteur de tous les temps. On ne lira pas sans intérêt le jugement que portait sur les bons insulaires cet homme estimable à bien des titres, et longtemps regretté par ceux qui ont eu l’avantage de le connaître :

« Les mœurs de ses habitans (de l’Île), étaient d’une grande pureté. Jamais on n’y entendait parler de désordres, et je n’ai jamais vu de gens plus religieux. De mon temps, il n’y avait dans l’Île, ni marchands, ni notaires, ni médecins ?… La plupart du tems les terres se transmettaient de père en fils, tout au plus en vertu d’un testament que le père faisait faire à Québec, en allant vendre ses denrées au marché. Voilà tout. Un médecin eût été encore plus inutile. Les sœurs du couvent de la Congrégation avaient quelques spécifiques, dont elles ne faisaient ni commerce ni mystère ; puis un ramancheur[1] tenait lieu de chirurgien. Le marchand n’y aurait pas non plus fait fortune. On s’habillait des étoffes du pays, fabriquées à la maison ; et, quant aux articles nécessaires, outre ceux-

  1. Rebouteur.