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LE SORCIER


V
VIE MYSTÉRIEUSE DU MODERNE SORCIER


Le sorcier s’éveille après minuit à la chiquenaude discrète comme d’un os de squelette aux volets clos ; il se lève, somnambule sans doute, harcelé par une force innée, intime, résultante de mille énergies héréditaires, des infiniment petites impulsions déposées en lui par ses ancêtres. Il sort ; personne sur la place. Quelques chèvres broutent des frondaisons sombres, le regardent avec des hochements de leurs ironiques barbiches. Il prend une sente et vers la campagne descend. Là, devant lui, une confuse foule d’épaules houlantes, avec des bruissements de miserere, roule emportant dans les balancements de son flot un mystérieux cercueil, barque funéraire, sans mât ni voile, vouée par sa structure au naufrage éternel. Le sorcier veut se mêler à ce cortège qui l’attire. En vain il court, souffle, s’acharne ; le fantôme de l’arrière-garde, monté sur un étique cheval, reste toujours à la même distance, aux confins de la route, là-bas. Après plusieurs détours, qui reconduisent au village, la sinistre théorie, escortée du nocturne suiveur, pénètre jusqu’à l’église, y entre. Le sorcier n’ose franchir le seuil, car la porte s’est fermée contre lui, et le dernier fantôme sur l’étique coursier demeure au plus haut des degrés, barrant, comme d’une mortuaire croix, la maison divine, où, huit nuits avant la mort annoncée, se joue le simulacre des obsèques.

Lui, ne peut bouger, stupide, cloué par l’effroi ; il assiste au drame lugubre, il comprend que tous les