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L’ÉVOCATION DU DIABLE

dans les rues bousculées, agité et se parlant à lui-même, comme font les énergumènes et les possédés ; il marche, il marche, en le délire d’une joie qui, intarissable, ruisselle de tous ses membres… Son maître est en lui, il l’a senti ; il l’a entendu, — il le verra… Ce n’était pas en vain que ses nuits s’étaient peuplées des noirs complots d’une veille concupiscente, ce n’était pas en vain qu’il détesta son bienfaiteur, qu’il suborna, avec cette ardeur semblable à de la haine, la femme qui, chastement et sans le voir, s’assit une minute à ses côtés ; ce n’était pas en vain qu’il trompa, qu’il trahit, qu’il s’abaissa, lui intelligence, pour attiser les infâmes tisons dont s’aiguillonne le plus veule et le plus lâche de soi !… Ah l’évocation de Satan, dont tout grimoine se tait, la clef du mystère, c’est de créer en soi Satan d’abord, de lui faire un palais de son cœur, une fête de ses sens, un trône de sa pensée… Et le Dieu d’en bas ne tarde point… sa grâce empestée s’insinue au milieu des préparatifs de gala. L’éternel serpent s’enroule, autre intestin, en ce Ventre divinisé, d’où, par le suprême créneau du sexe, s’exhale la guerre têtue du désir à l’inconscient univers.


Mais, le maître, il ne suffit pas au disciple de le posséder, il faut encore qu’il l’aperçoive, qu’il le sache là près de lui non pas seulement compatissant et propice en ses entrailles, mais redoutable et tout-puissant hors de soi, autour de soi. Il veut être sûr que cette hantise ne lui sera pas momentanée, que ce secours dont il a maintenant un besoin acharné ne l’abandonnera pas jusqu’à la mort.


Que faire pour cela ?

Exécuter par un signe ce qui en lui fomente, exprimer

7.