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LE SATANISME ET LA MAGIE

L’église infernale est prête pour le grand prodige, pour l’immense communion du mensonge, du libertinage et de l’horreur.

Renouvelant le mystère de la multiplication des pains, se souvenant aussi de cette apparition de Krishna unique, tout entier à chaque bayadère en même temps, le bouc simiesque, qui ne sait que contrefaire, levant I hostie dégoûtante, glapit :

« Qu’elle soit pour vous tous et que vous tous abominiez dans sa maison le Dieu vivant ! »

Alors les encensoirs tombent des mains convulsées, râlent vers l’autel les hoquets des dernières vapeurs empoisonneuses ; l’assemblée se mêle en folie d’amour etde carnage ; chaque baiser, chaque morsure, chaque coup d’ongle troue pour s’assouvir le bouclier sans cesse déchiré d’une grande hostie palpitante, d’où ruisselle un pus divin et à travers laquelle on se déchire, on se caresse.

 


Donc selon Vintras la messe noire serait surtout le grand sacrifice qu’accomplit le Bouc du Mal sur l’Agneau du Bien, afin que, de par le sacrifice, la puissance soit au méchant.

Conception peut-être pas très nouvelle de la messe noire ; mais, poussée à l’idée fixe, elle devient magique et solennelle, arc-boutée aux anciennes immolations des cultes passés. Hydre qui renaît. Bête de l’Apocalypse dont la gueule s’ouvre pour dévorer les anciens justes, glaive de Dieu volé par Satan, pour frapper Dieu.

Mais Vintras s’était arrogé un peu arbitrairement la puissance de briser la toute-puissance du rite infâme ; les fluides de sa pensée et de sa prière passaient en bourrasque