sous sa fascination et réveille en sa mémoire le souvenir du geste mortel.
Le plus pratique serait donc un esprit désincarné, une pauvre larve errante, qui, arrêtée par l’impération du magicien, s’armerait de la lancette et du philtre, accomplirait le crime en les régions difficilement explorables des au-delà de la vie. Je sais bien qu’en ce cas encore le secret n’est pas absolu. Qui sait si un sorcier hostile évoquant la même « écorce » ne lui fera pas rendre gorge, lui extirpant l’aveu de complicité ? Mais tout de même il est plus délicat de faire parler un mort que de scruter un vivant…
Comment se défendre contre ces violations de l’invisible ?
Certes, si l’attaque est malaisée, la défense ne saurait l’être moins. L’espace de trois jours seulement est donné pour se couvrir. Après ces 144 heures, si le bouclier n’a pas été forgé, la bataille est perdue. Bref, vous êtes condamné à mort. Mais s’il n’y a pas sortilège, pendant cet intervalle la loi de retour est applicable ; celui qui a porté le coup pourra en pâtir. Il existe encore deux églises qui servent à cette revanche : l’une en Belgique, à Tougres (18 kilomètres de Liège), se nomme clairement Notre-Dame de Retour ; l’autre en France, c’est l’église de Lépine, petit village près de Châlons, dont le nom révèle aussi le sortilège ; car en cette contrée les cœurs symboliques étaient torturés par les épines du terroir.
Parfois le magicien agit, en son couard attentat, avec un certain appareil de loyauté. Il avise, par une condamnation officielle, surchargée de pantacles et de malédictions, qu’il frappera à telle date, sans délai. Alors, on peut se dissimuler sous les fortifications mystiques, creuser des fossés,