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L’ENVOUTEMENT DE HAINE

répondait le Père, et il donnait l’ordre de placer la déclaration de guerre dans un cercueil semblable et de l’enterrer au grenier.

« Madame Thibault, que font maintenant ces méchants ?

— Père, ils disent contre vous une messe noire. »

Boullan bondissait. Ayant revêtu la grande robe rouge vintrasienne, que liait une cordelière bleue, et au dos de laquelle s’allongeait la croix renversée, signifiant que le règne du Christ souffrant est terminé, Boullan, tête nue et pieds nus — cela pendant toutes les hostilités — prononçait le sacrifice de Melchissédec, apanage des Élus du Garmel. Parfois « les ouvriers d’iniquité » n’étaient pas anéantis… Alors a le Père » accomplissait le sacrifice de gloire où « le rite féminin allié au rite masculin, le vin rouge au via blanc, disait-il, créait, selon la loi retrouvée par Pasteur (sic), un victorieux ferment, par quoi les autels impies étaient renversés et les officiants sataniques frappés de mort ». Au moment de la consécration, Boullan, tenant un fragment d’hostie dans chaque main, invoquait les grands archanges et les priait de terrasser ses ennemis, les satanistes. Extraordinaire spectacle que l’exaltation héroïque jusqu’au délire de ce petit vieillard à mâchoire de loup, aux yeux égarés de prophète verbérant de la parole et du geste les occultistes malfaisants que la distance ne dérobait point à sa juste fureur.

Ces rites n’étaient peut-être pas que des simagrées vaines. Un de ces combats où Boullan n’eut pas le dessus devint

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