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L’ENVOUTEMENT D’AMOUR

s’aime. Bon Ciel, tu collaboreras au charme. Si la terre fournit les fleurs, les herbes, les breuvages, le ciel accorde ses oiseaux ; tout est bien. La Nature s’allie en faveur de la Femme.

Qu’il s’appelle Delphis ou Daphnis (ou autrement), l’homme est perdu ou plutôt il a tout gagné. Car qu’exige-t-on de lui ? Quel supplice ?… un robuste et long baiser.

La servante seconde sa maîtresse en les préparatifs pieux ; le chien les a suivies, il veut être de la fête.

La petite Amaryllis apporte de l’eau, ceint l’autel de molles bandelettes, brûle la verveine grasse, l’encens mâle.

« Le lâche ! ses sens dorment auprès de moi ! s’écrie la magicienne, il faut que mes chants les réveillent. Il les entendra de la ville, qu’il le veuille ou non, de la ville où il boit auprès de moins belles. Comment douterai-je du miracle ? Les incantations de Médée ont fait descendre la lune, comme un tendre oiseau, qu’appelle une main amie, pleine de grains. Circé avec des paroles métamorphosa les compagnons d’Ulysse. Si la voix est puissante, elle peut même rompre la perfide couleuvre qui s’achemine vers la victime endormie. »

Tout cela est riant, purifié par la santé, le ciel latin, ne ressemble pas aux entreprises louches des nécromants au fond des caves. L’étoile du matin bleuit à l’horizon, l’air remplit les poumons de joie. Encore quelques rares aboiements qui saluent le départ de la déesse au carrefour. Amaryllis frappe l’airain, agite la cloche mystique en l’honneur d’Artémis.

« Et d’abord, inaugure la prêtresse nouvelle, je verse trois libations à la déesse en cette coupe qu’entoure la