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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/103

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Il avait donc ajourné sa résolution définitive jusqu’après l’entrevue, et il se promettait aussi de n’en prendre aucune avant d’avoir exposé son cas au colonel Mornac.

Il arrivait au rendez-vous, assez ému et encore plus préoccupé de savoir ce qu’allait lui demander la victime de l’injustice de Mme de Malvoisine et de la jalousie de la soi-disant pupille de la comtesse.

Il aborda la terrasse par l’escalier qui touche à la grille ouverte en face du pont de Solférino et, après l’avoir monté, il se dirigea vers l’Orangerie construite, il y a quelques années, sur le terre-plein qui domine la place de la Concorde.

Sur la longue esplanade du bord de l’eau, il n’y avait que de bonnes, des enfants et deux ou trois vieillards qui se chauffaient au soleil.

Le lieu n’est fréquenté que pendant l’été, aux heures où on fait de la musique dans le jardin, et, cependant, on y jouit en toute saison d’une vue magnifique sur la Seine. À gauche, la pointe de la Cité et les tours de Notre-Dame — un vaisseau à l’ancre avec ses mâts ; — en face, les restes du palais du conseil d’État qui ressemblent à une ruine romaine ; à droite, dans le lointain, le Trocadéro et les coteaux de Meudon. C’est un tableau achevé que les flâneurs n’admirent guère, ni les amoureux qui se cherchent sur cette promenade déserte.

Robert passa sans s’y arrêter. Il n’avait qu’une pensée, qui était de découvrir la jeune fille qu’il n’apercevait pas encore, et il craignait d’être arrivé trop tôt.

Il la vit enfin quand il eut dépassé le bâtiment de