Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/14

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ta pointe de ce côté-là… du moins, pas pour le bon motif.

— Et pour l’autre motif, est-ce que j’aurais des chances ?

— On la dit vertueuse, mais tu peux essayer, si le cœur t’en dit.

— Le cœur ne m’en dira pas.

— Tu n’en sais rien. Elle est charmante. Mais, au fait, tu es peut-être pris ailleurs… oui, tu dois avoir une maîtresse. Parions que tu venais de chez elle quand je t’ai rencontré.

— Tu perdrais, mon cher. Je n’ai pas de maîtresse et quand nous nous sommes heurtés, je venais de porter de la part de mon patron dix mille francs à un client de la maison… un client qui demeure rue de l’Arcade et que je n’ai pas trouvé chez lui.

— Alors, tu les as sur toi, les dix mille ? demanda Gustave.

— Certainement, je les ai, dit Robert, et comme les bureaux de la maison de banque de la rue d’Enghien sont fermés à l’heure qu’il est, je ne pourrai remettre l’argent au caissier que demain matin. Pourquoi me demandes-tu cela ?

— Mais, répondit Gustave, parce que… on joue chez la comtesse, je te l’ai déjà dit, et si tu te laissais aller à la tentation…

— Pour qui me prends-tu ? Ce n’est pas la première fois que je porte sur moi des sommes importantes qui ne m’appartiennent pas. Je te prie de croire que je n’ai jamais eu envie d’y toucher.

— Oh ! mon cher, je ne doute pas de ta probité. Seulement, qui a bu boira, dit le proverbe. Tu as