Page:Boissay & Flammarion - De Paris à Vaucouleurs à vol d'oiseau, 1873.djvu/23

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scientifiques ont suffi à nous conduire à ce résultat, que Flammarion avait déjà réalisé dans ses précédentes ascensions.

2o Les opinions différaient sur la cause des rotations du ballon ; — les uns les attribuaient à une charge inégale des différentes parties de la machine aérostatique (en termes mathématiques à l’excentricité du centre de gravité par rapport au centre de figure), les autres les faisaient dépendre des vents de sens différents agissant sur les flancs de l’aérostat. — Les courants d’air violents qui ont fait tournoyer le ballon dans les environs de Vitry ont commencé, alors qu’ils étaient très-faibles et encore insensibles, par produire les rotations ordinaires, et quand ils ont été sur le point de cesser le même effet s’est reproduit ; ce fait confirme la dernière explication.

3o Nous avons remonté la vallée de l’Ornain comme guidés par un fil invisible ; cette observation a confirmé la remarque analogue faite souvent par MM. Godard, à savoir : que le vent semble suivre les rivières, ou, pour mieux dire, être infléchi par les vallées au fond desquelles elles serpentent. Le courant d’air, coulant dans les vallées comme l’eau dans un canal de dérivation, ne suit pas seulement le sens de l’axe de la dépression de terrain entre les collines qui la bordent mais continue à suivre la même direction beaucoup au dessus du bord supérieur de la vallée et de la crête des collines entre lesquelles elle est comprise. Ceci bien entendu est une règle générale que les conditions particulières doivent souvent modifier suivant la configuration des lieux, la force et la direction des vents.

4o Au moment du départ, pendant que nous marchions vers l’est, la fumée des cheminées d’usines pointait droit au nord, ce qui indiquait deux courants différents superposés ; à Paris, le courant inférieur était très-mince, puisque nous fûmes tout de suite emportés par un vent d’ouest plein. Tant que nous restâmes à des hauteurs supérieures, à 600, nous fûmes entraînés par ce courant venant de l’ouest et nous poussant vers l’est. Suivant la loi ordinaire générale de gyration des vents (spécialement constatée par Flammarion dans ses ascensions antérieures), la marche du courant s’inclina peu à peu vers le sud, c’est-à-dire à la droite du sens du mouvement de l’air, de façon que le vent finit par souffler de l’ouest-quart-nord-ouest, nous poussant de Coulommiers vers Domprot ; mais, nous étant abaissés de 1 500 à 400 mètres, nous trouvons un courant inférieur venant de l’ouest-sud-ouest qui nous refoule vers Bar-le-Duc. C’est à ce moment que, pris entre ces deux vents faisant entre eux un angle d’environ 35 degrés, nous nous mettons à tournoyer. Le balancement continue jusqu’au moment où nous remontons à 1 400 mètres ; là nous retrou-