Page:Boissière - Propos d’un intoxiqué, 1909.djvu/43

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beau et parle bien, et, quand il vient s’asseoir pour dîner à la table du Splendid Hôtel où j’ai pris place, je l’invite à conter divers épisodes de sa vie passée, qui fut aventureuse et belle, au grand soleil d’entre les Tropiques. Les yeux fermés, le regard tourné en arrière vers les années mortes, j’évoque cette ardente jeunesse qui se fit sa place, par les îles malaises et dans les forêts de Bornéo, à coups de matraque et de revolver.

… Et ce soir, après le café, nous avons continué notre causerie par les rues désertes, mal éclairées, où brillent de loin en loin les vacillantes lanternes de quelques sales gamins.



Minuit.


Nous entrons dans la case du vieil Antoine. En sortant d’un café, à l’heure de la fermeture, nous avons suivi les deux rues chinoises, l’une prolongeant l’autre, es mes jamais endormies qui, par leurs portes grillées d’énormes bambous, couchent, en travers de la chaussée, de grands rectangles de clarté barrée de lignes l’ombre. Les Célestes travaillent, fument ou jacassent dans chaque boutique. Les cercles autorisés flamboient par toutes les fenêtres, et le son argentin des piastres qui s’entrechoquent nous poursuit.

Puis, des rues vagues noyées dans