Page:Boissière - Propos d’un intoxiqué, 1909.djvu/57

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au rebours de ce prudhommesque correspondant du Temps qui a prétendu disséquer l’âme de l’Extrême-Orient, pour s’être arrêté au Tonkin entre deux paquebots, et qui, depuis six ans, vivant sur ses notes de Haiphong à Hung-Hoa, a découvert entre Hung-Yen et Hanoi le fonds et le tréfonds de la conscience annamite, de la chinoise, et de la japonaise de surcroît.

Cependant, je signalerai comme erronée l’appréciation suivante que M. Bonnetain attribue au protagoniste de son œuvre : “ Il comprit que c’était à travers la fumée de l’opium qu’il fallait, pour la comprendre, regarder la solennelle Asie. ” L’Asie peut-être, mais certes pas l’Extrême-Orient, Annam ou Chine, où l’opium est d’importation récente. Et pourtant, il est peut-être vrai que l’opium, qui rend notre esprit plus curieux et plus perspicace, notre âme plus apte à comprendre les âmes lointaines des autres races, est nécessaire dans ces contrées à celui qui veut voir des êtres plus que la superficie.

L’opium rend-il nécessairement ses fidèles progressivement anémiques de l’âme et du corps ? Beaucoup de médecins estiment, avec M. de Lanessan, “ que l’habitude de fumer