Page:Boissier - Cicéron et ses amis.djvu/229

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus longtemps, dignus vir cui mens melior et vita longior contigisset[1] !

Au moment où mourut Cælius, cette jeunesse élégante dont il était le modèle, et que les vers de Catulle et les lettres de Cicéron nous ont permis de connaître, avait déjà disparu en partie. Il ne restait presque aucun de ces jeunes gens qui brillaient aux fêtes de Baïes et qu’on applaudissait au forum. Catulle était mort le premier, au moment où son talent, mûri par l’âge, devenait plus sérieux et plus élevé. Son ami Calvus allait le suivre de près, emporté à trente-cinq ans, sans doute par les fatigues de la vie publique. Curion avait été tué par les soldats de Pompée, comme Cælius le fut par ceux de César. Dolabella survivait, mais pour peu de temps, et il allait périr aussi d’une façon tragique. C’était une génération révolutionnaire que la révolution moissonnait, car il est vrai de dire, selon le mot célèbre, que dans tous les, temps comme dans tous les pays elle dévore ses enfants.

  1. Inst. orat., X, 1.