Page:Boissier - Cicéron et ses amis.djvu/35

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CICÉRON
DANS LA VIE PUBLIQUE ET DANS LA VIE PRIVÉE


I

LA VIE PUBLIQUE DE CICÉRON

La vie publique de Cicéron est d’ordinaire sévèrement jugée par les historiens de nos jours. Il paye la peine de sa modération. Comme on n’étudie plus cette époque qu’avec des arrière-pensées politiques, un homme comme lui ; qui a essayé de fuir toute extrémité, ne satisfait pleinement personne. Tous les partis s’entendent pour l’attaquer ; de tous les côtés on le raille ou on l’insulte. Les partisans fanatiques de Brutus l’accusent, d’être timide, les amis passionnés de César l’appellent un sot. C’est encore en Angleterre et chez nous qu’il est le moins malmené[1]. Les traditions classiques ont été là plus respectées qu’ailleurs ; les savants persistent davantage dans leurs vieilles habitudes, dans leurs anciennes admirations, et au milieu de tant de bouleversements la critique au moins est demeurée conservatrice. Peut-être aussi cette indulgence qu’on témoigne à Cicéron dans ces deux pays vient-elle de l’habitude qu’ils ont de la

  1. Forsyth, Life of Cicero, London, Murray, 1864. — Merivale, Hist. of the Roman under the emp., t. I et II.