Page:Boissier - Cicéron et ses amis.djvu/402

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appeler la formule de l’empire. Ce curieux programme qui fut plus tard réalisé nous aide singulièrement à comprendre ce qu’il nous reste à étudier de l’inscription d’Ancyre. Il faut toujours l’avoir devant les yeux pour bien saisir l’esprit des institutions d’Auguste, la raison de ses libéralités, le sens caché des faits qu’il mentionne, et surtout le caractère de ses rapports avec les diverses classes de citoyens.

Commençons par étudier les rapports d’Auguste avec ses soldats. « Environ mille… Romains[1], dit-il, ont porté les armes sous moi. J’en ai établi dans des colonies ou renvoyé dans leurs municipes, après leur service, un peu plus de 300 000. À tous j’ai donné des terres ou de l’argent pour en acheter. » À deux reprises différentes, après les guerres contre Sextus Pompée et contre Antoine, Auguste s’était trouvé à la tête d’environ cinquante légions ; il n’en avait plus que vingt-cinq quand il est mort. Mais ce nombre, tout réduit qu’il était, écrasait encore les finances de l’empire. L’immense surcroît de dépense que faisait peser sur le trésor la création des grandes armées permanentes empêcha longtemps Auguste, malgré la prospérité de son règne, d’avoir ce qu’on appellerait aujourd’hui un budget en équilibre. Quatre fois il fut obligé de venir au secours du trésor public avec ses ressources particulières, et il évalue à 950 millions de sesterces (30 millions de francs) les sommes dont il fit présent à l’État. Il eut beaucoup de mal à remédier à ces embarras, dont les dépenses de l’année étaient la principale cause. C’est ce qui lui donna la pensée de créer une sorte de caisse de retraites militaires, et de faire appel, pour la remplir, à la générosité des rois et des villes alliées, et à celle des citoyens romains les plus riches ; afin d’exciter les autres par son

  1. Le chiffre n’a pu être lu ni dans le latin ni dans le grec.