Page:Boissier - L’Académie française sous l’ancien régime, 1909.djvu/105

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
89
la suppression des académies en 1793.

C’est ce que souhaitait à ce moment, ce qu’espérait toute la France, et l’Académie se faisait l’organe de l’opinion publique. Aussi n’a-t-elle jamais été plus à la mode ; toute l’Europe a les yeux sur elle. Les souverains qui viennent à Paris ne manquent pas de lui rendre visite. Ils assistent à ses séances à côté du directeur en exercice ; on lit devant eux des vers où leur éloge est finement inséré, et à la fin, quand se fait aux académiciens présents la distribution des jetons, on leur en offre un aussi, « comme marque de confraternité académique ». Cette popularité est à son apogée en 1782, à la réception de Condorcet. La philosophie à ce moment est maîtresse de l’opinion, et le discours de Condorcet n’est qu’un hymne à sa gloire. « Nous pouvons nous écrier, dit-il d’un ton d’inspiré : La vérité a vaincu, le genre humain est sauvé ! » Et le public, qui l’applaudit avec transport, n’oublie pas que l’Académie a pris une part importante à cette victoire et semble disposé à lui en témoigner sa reconnaissance.

Il y avait donc chez nous, au début de la Révolution, deux courants contraires au sujet de l’Académie. Des gens d’esprit, qui appartenaient