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VII
AVANT-PROPOS.

l’esprit enfin garde tous ses droits, était le cadre où ses qualités trouvaient le mieux leur emploi, celui qui convenait à sa nature, à son goût si cultivé et si fin, à son tempérament modéré, à son talent de causeur.

Il avait souvent souhaité d’y être un jour accueilli. Dès l’époque où il était simple professeur au collège royal de Nîmes — c’est lui-même qui le rappelait, dans une allocution adressée précisément à ses compatriotes nîmois, — écrire à la Revue des Deux Mondes, puis entrer à l’Académie française lui apparaissait comme un but lointain, idéal peut-être, mais comme le but tout de même qu’il lui fallait proposer à son activité. Si une vie est belle, quand, selon le mot connu, elle est un rêve de jeunesse réalisé dans l’âge mûr, la sienne n’a pas été manquée, et il a du être heureux.

Il l’a été, en effet. Il jouissait d’être académicien, mais sans vanité, avec cette franche et souriante bonhomie qu’il mettait dans