Page:Boissier - L’Académie française sous l’ancien régime, 1909.djvu/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
3
l’académie française au XVIIe siècle.

française, ou plutôt qui fait de l’une et de l’autre une même Académie. »

Au premier abord, quand on lit nos registres, on est tenté de penser que Morellet a pris beaucoup de mal et couru beaucoup de dangers pour peu de chose. Qu’y trouve-t-on en effet ? des procès-verbaux fort insignifiants d’ordinaire et des listes de noms, parmi lesquels il y en a quelques-uns d’illustres et encore plus d’inconnus. Tout cela, il faut l’avouer, forme une lecture peu divertissante, et dont il semble qu’on ne pourra pas tirer un grand profit. Mais, quand on ne se rebute pas et qu’on regarde de près, les choses changent d’aspect. Avec un peu d’attention et d’étude, ces froids procès-verbaux semblent s’animer. Ils ne nous donnent pas seulement la physionomie extérieure des assemblées, le mécanisme des séances ordinaires, l’appareil des séances publiques, ce qui n’est pas à dédaigner ; ils nous permettent de deviner bien d’autres choses. Quelle que soit la discrétion des gens qui tiennent la plume, malgré leur parti pris de tout éteindre sous de banales formules, un mot qui leur échappe, une allusion, une demi-confidence nous font entrevoir ce qu’ils n’avaient pas l’intention de nous dire. Profitons