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l’académie française au XVIIe siècle.

dont on se souvienne, et sa célébrité n’est pas de celles qui sont très dignes d’envie.

La plupart d’entre eux fréquentaient en même temps d’autres sociétés mondaines, car le goût des lettres était alors très vif et il y avait une foule de salons ouverts dans Paris où les poètes étaient fort recherchés. Mais Pellisson nous dit que nulle part ils ne se plaisaient autant que chez Conrart. « Là ils s’entretenaient familièrement, comme ils eussent fait en une visite ordinaire. Que si quelqu’un de la compagnie avait fait un ouvrage, comme il arrivait souvent, il le communiquait volontiers à tous les autres, qui lui en disaient librement leur avis ; et leurs conférences étaient suivies tantôt d’une promenade, tantôt d’une collation qu’ils faisaient ensemble…. Quand ils parlent encore aujourd’hui de ce temps-là et de ce premier âge de l’Académie, ils en parlent comme d’un âge d’or, durant lequel, avec toute l’innocence et toute la liberté des premiers siècles, sans bruit et sans pompe, et sans autres lois que celles de l’amitié, ils goûtaient ensemble tout ce que la société des esprits et la vie raisonnable ont de plus doux et de plus charmant. »

Mais une pareille intimité exige qu’on ne sorte