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l’académie française au XVIIe siècle.

jurisprudence, qui ne parvenaient pas pourtant à lasser la patience de nos pères. Mais dans les volumes, comme dans les brochures, les polémiques sont vivement menées. Les nécessités de la lutte donnent au style de ces écrivains des qualités qui manquent souvent aux autres ; la phrase y est moins traînante, le trait plus piquant, le tour plus dégagé. Assurément le pamphlet politique a été, au début de ce siècle, une excellente école pour notre langue. Par malheur l’intérêt de ces sortes d’ouvrages ne survit guère aux circonstances qui les ont fait naître ; on ne lit pas plus un pamphlet de l’autre année qu’un article de journal de la veille. Qui se souvient du Ministre d’État de Silhon ou des Discours politiques de Priezac ? Qui se rappelle les noms de Jean de Sirmond, de Bourzéis, d’Hay du Châtelet ? Mais ils étaient alors dans toutes les bouches, et l’on n’est pas surpris qu’ils se soient tout d’abord présentés à l’esprit de ceux qui étaient en quête d’hommes de talent pour compléter l’Académie[1].

  1. Un savant laborieux et bien informé, M. Wené Kerviler, nous a donné des renseignements très complets sur les académiciens de la première époque, soit dans la Bretagne à l’Académie française ou dans son volume sur le Chancelier Pierre Séguier, soit dans des notices séparées. Il s’est fait vraiment l’historiographe de l’Académie primitive.