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l’académie française sous l’ancien régime.

prennent trop d’importance ; à la longue, tout s’y rapetisse et s’y rétrécit. L’idéal de l’Académie fut d’être la représentation de l’esprit français. Il lui sembla que la littérature d’un pays, prise au sens le plus large, n’est pas seulement formée de ceux qui tiennent une plume, mais qu’elle contient aussi les gens de goût qui sont capables de comprendre et de juger les écrivains, qui les encouragent, qui les excitent, qui les forcent à s’élever et à se maintenir à une certaine hauteur, ceux enfin qui dans quelque ordre d’étude et de science que ce soit renouvellent par leurs découvertes les opinions et les connaissances, et forment ces grands courants d’idées qui se reflètent à leur tour dans les lettres et dont elles vivent. Cette conception de la littérature, qu’on la blâme ou qu’on l’approuve, est ce qui a donné à l’Académie française, parmi toutes les sociétés littéraires du monde, son caractère original.

En 1652, elle s’augmenta d’un élément nouveau qui, depuis, y a tenu une large place. Séguier, comme presque tous ceux qui s’étaient fait une brillante situation dans la magistrature ou dans les affaires, avait marié sa fille à un très grand seigneur. Il aimait tendrement le marquis de