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l’académie française sous l’ancien régime.

grand monde ; on ne demandait pas, à l’hôtel Rambouillet, d’où sortaient les poètes dont on applaudissait les vers, et les portes s’étaient largement ouvertes devant Voiture, quoiqu’il fût le fils d’un marchand de vin. Cependant on s’aperçoit bien qu’ils y n’étaient pas tout à fait sur le même pied que les autres. Ils amusaient la compagnie, on leur en savait gré et on les remerciait de bonne grâce ; mais dans la familiarité qu’on leur permettait d’avoir avec les grands seigneurs il entrait toujours une nuance de contrainte et de respect. Au contraire, la première loi de l’Académie c’est qu’entre tous les membres devait régner l’égalité la plus parfaite. Le fils d’un boulanger comme Quinault, ou encore un maître à danser comme Goibaud Dubois, traitait d’égal un duc et pair et l’appelait son confrère. Rien de pareil ne s’était encore vu dans cette société aristocratique. Aussi ne semble-t-il pas que les gens de lettres se soient plaints d’être mêlés à l’Académie à des gens de qualité ; tout au plus a-t-on disputé sur les proportions du mélange. « Il faut qu’il y en ait, disait Segrais, mais le nombre devrait être fixé à sept ou huit, et les autres devraient être choisis dans toute sorte de littérature. » Bussy