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l’académie française au XVIIe siècle.

ses recommandations, ce qui les rendait peut-être encore plus efficaces : comment répondre par un refus à un homme si aimable et si poli ? Aussi fît-il entrer sans peine tous ses « domestiques » à l’Académie. Le désir* qu’on avait de lui complaire faillit même une fois amener un grand scandale. Quand Maynard mourut, en 1647, Corneille et Ballesdens se présentèrent pour le remplacer. Corneille avait fait le Cid et Rodogune ; quant à Ballesdens, il n’était connu que par quelques traductions que Pellisson lui-même, si bon pour ses confrères, trouve très médiocres. Mais « il avait l’honneur d’être à M. le chancelier », et l’Académie ne savait à quoi se résoudre, quand Ballesdens se fît justice à lui-même et céda la place à Corneille.

Avec Louis XIV on était moins exposé à des accidents de ce genre. Sans doute, les choix de l’Académie lui étaient soumis, et il avait le droit de ne pas les approuver ; mais, en quarante-deux ans, il n’en a usé que deux fois, ce qui vraiment n’est guère, et encore de ces deux refus un seul avait quelque importance[1]. En 1683, La Fontaine

  1. En 1704, le roi refusa d’approuver l’élection de M. de Tréville, un grand seigneur homme d’esprit, qu’il trouvait trop ami de Port-Royal. Cette élection avait paru du reste surprendre quelques personnes.