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l’académie française sous l’ancien régime.

dédaignée. Il veillait aussi à son bien-être et c’est lui qui lui procura le premier un établissement fixe. Richelieu y avait songé, mais il n’eut pas le temps d’exécuter ses projets. Tant qu’il vécut, elle se réunit tour à tour chez Conrart, chez Desmarets, chez Chapelain, chez Montmor, chez Gomberville, si bien que Pellisson, qui avait l’imagination fleurie, la comparait « à cette île de Délos des poètes, errante et flottante, jusqu’à la naissance de son Apollon ». Séguier la logea dans son hôtel ; mais c’était une hospitalité temporaire, qui ne pouvait durer que pendant la vie d’un homme. Louis XIV l’établit au Louvre, et elle y resta jusqu’en 1793.

Il lui accorda d’autres faveurs encore, qui lui étaient très précieuses : par exemple celle de venir le haranguer, comme les cours souveraines, au retour de ses campagnes et dans les occasions solennelles[1]. C’était un grand honneur qu’on lui faisait et qui marquait d’une manière éclatante l’importance qu’elle avait prise parmi les grands corps de l’Etat. Tout se faisait pour elle comme pour

  1. Il faut lire dans les Mémoires de Perrault l’agréable récit qu’il fait de la façon dont s’y prit le président Rose pour obtenir cette faveur à l’Académie. Ce récit nous montre Louis XIV dans un de ses moments de laisser aller et de bonne humeur.