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l’académie française au XVIIe siècle.

tout le monde crut y voir une insulte préméditée, et il est bien probable que, pendant quelque temps, à Versailles et dans les salons de Paris, il ne fut pas question d’autre chose.

Tout sembla donc se réunir pour exciter une sorte de déchaînement contre le malheureux discours de La Bruyère. Il est très naturel que les admirateurs de Corneille, les victimes de Boileau, les partisans de Harlay de Chanvallon en aient été fort irrités ; mais comment se fait-il que, chez les autres, il n’ait pas trouvé un meilleur accueil ? Tandis que le discours si médiocre de Bignon était couvert d’applaudissements, les gens même les mieux disposés pour l’auteur parurent accueillir très froidement celui de La Bruyère. On se demande comment il a pu se faire qu’on en ait ainsi méconnu le mérite. Peut-être causa-t-il trop de surprise pour donner beaucoup déplaisir. C’est une erreur de croire que le public tient beaucoup aux nouveautés. Au contraire, il lui plaît médiocrement qu’on dérange ses habitudes et qu’on trompe son attente. Il était fait à ces banalités des