Aller au contenu

Page:Boissonnas, Un Vaincu, 1875.djvu/149

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


127
Un Vaincu.

pont est perdu tout est perdu, » écrivait à la fin de la journée Mac Clellan à son lieutenant Burnside qui venait de s’en rendre maître, et à qui appartint la gloire de le garder. Les adversaires se montrèrent dignes les uns des autres.

Comme la nuit commençait à tomber, le général Lee rencontra son plus jeune fils, Robert, un enfant de seize ans. Il était noir de poudre et parut, à l’œil observateur de son père, un peu abattu, ou bien fatigué. Parti le matin avec quatre canons et une compagnie d’artilleurs, il ramenait un seul canon, les autres avaient été démontés, et sept hommes seulement survivaient de sa vaillante troupe.

« Comment cela va-t-il, Robert ? lui cria le général.

— Assez bien, père, répondit l’enfant qu’un regard jeté sur son père sembla ranimer.

— Alors, mon garçon, retourne au feu et chasse-moi ces Yankees. »

Et suivi de ses sept hommes, Robert s’en alla remettre en position sa dernière pièce de canon.

Le jour suivant se leva sur un effroyable car-