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Un Vaincu.

trente canons de campagne avec quelque infanterie pour les garder ; soldats et canons devaient s’opposer au passage des Fédéraux s’ils essayaient de suivre son armée. Pour lui, il avait marché au milieu des troupes. Vers le matin, souffrant encore de son bras démis, il s’étendit sous un pommier et s’endormit dans son manteau. Ses officiers se couchèrent autour de lui ; on ne savait où prendre les bagages, personne n’avait soupé, mais une certaine fierté soutenait le moral de chacun, on se disait que du moins aucun trophée n’était resté aux Fédéraux, et l’on avait le sentiment d’avoir fait de son mieux. Le silence s’était établi depuis une heure à peine, quand l’officier à qui la garde du passage du fleuve avait été confiée arriva à toute bride, demanda le général, le réveilla lui-même en sursaut, et lui annonça que l’ennemi s’était emparé des positions de la rive sud et avait pris tous les canons.

« Tous ? demanda Lee.

— Tous, général, je le crains. »

« Tandis que je me redressais indigné, ra-