Page:Boissonnas, Un Vaincu, 1875.djvu/164

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


138
Un Vaincu.

Le feu de toutes les batteries convergeait sur le même point de Marye’s Hill, et couvrait d’obus les tranchées dans lesquelles s’abritaient les Sudistes. Le général Lee s’y tenait de sa personne ; un de ses futurs historiens l’aperçut au milieu des projectiles qui pleuvaient, et a consigné dans ces quelques lignes l’impression qu’il éprouva :

« Il y a peut-être présomption de ma part à tenter d’exprimer la sérénité, ou, si je puis ainsi parler, la dignité inconsciente du général sous le feu. Aucun de ceux qui connaissent sa bravoure habituelle ne s’attend à autre chose de la part d’un tel homme, si calme et toujours si peu occupé de lui même, mais le mot du maréchal Saint-Arnaud après la bataille de l’Alma, qualifiant d’héroïsme antique, l’indifférence distraite avec laquelle lord Raglan[1] supportait le feu, me semble tellement applicable au général Lee que je ne puis m’empêcher de le rappeler ici[2]. »

  1. Commandant des troupes anglaises devant Sébastopol.
  2. Mac Cabe’s Life of Lee.